Le Dr. Nabil Georges Seidah, qui obtenait il y a trente-deux ans son baccalauréat en sciences, spécialisation en Chimie à l’Université du Caire en Égypte, son pays natal, est aujourd’hui détenteur d’un doctorat en chimie physique (1973) de l’Université Georgetown de Washington D.C., et directeur du laboratoire de biochimie endocrinienne de l’Institut de Recherches Cliniques de Montréal (IRCM). Nabil Georges Seidah s’est joint au département de chimie de l’Université de Montréal en 1974, avant de venir en 1975 à l’IRCM pour appliquer ses connaissances fondamentales de chimie et de mathématiques avancées à la biologie. Il y a travaillé en étroite collaboration avec le Dr. Michel Chrétien dans le Groupe de recherche sur la biosynthèse des hormones et des neuropeptides.

Chercheur de réputation mondiale, scientifique de haut niveau parmi les plus brillants sur le continent nord américain, concepteur et auteur le plus souvent cité depuis le début des années 80 (il a 469 publications à son actif jusqu’en octobre 2001), il a remporté, choisi par ses pairs, le Prix Léo-Parizeau de l’ACFAS au cours de l’automne 2001. Il est le co-découvreur de la bêta-endorphine humaine en 1976 et il a concentré ses travaux sur la biosynthèse de cette importante molécule, démontrant en particulier les sites exacts de clivage de son précurseur, la pro-opio-mélano-cortine (POMC). Pour cette partie de sa jeune carrière, il a reçu le prix du Clarke Institute of Psychiatry de Toronto en 1977. En 1991, il a été élu membre de la Société Royale du Canada et, en 1994, il se voyait octroyer le Prix de Distinction de la Fondation Manning de Calgary. De plus, en 1997 il devenait Officier de l’Ordre du Québec, Membre de l’Ordre du Canada en 1999, et était désigné, conjointement avec le Dr. Michel Chrétien, comme récipiendaire de 1999 de la Médaille d’honneur de la Fondation de recherche en santé de la Rx&D, aussi connue sous le nom Les compagnies de recherche pharmaceutique du Canada. Il a reçu la bourse de Scientifique émérite du CRM en 1995.

Nabil Seidah a été le premier à développer, en collaboration avec le Dr. Margaret Dayhoff, (vers 1976) des programmes d’ordinateur pour identifier des protéines à partir de séquences partielles en acides aminés. Nabil Seidah est l’un des scientifiques les plus complets, un vrai phénomène du génie scientifique de sa génération. Formé d’abord en mathématique pure, il est passé à la chimie physique puis à la chimie des protéines et plus récemment à la biologie moléculaire de haut voltige. Au cours de sa fulgurante carrière, il a apporté de nombreuses contributions, dont la découverte de nouvelles protéines hypophysaires, notamment une protéine homéo-box ; mais la plus importante découverte fut celle des convertases des prohormones et des proneuropeptides.

Il a consacré plus de deux décennies de sa vie à comprendre et à décortiquer le mécanisme de fabrication des hormones. Il a découvert, au bout de cette longue marche d’abnégation et de détermination, le secret qui ouvre désormais à toute l’humanité, la voie royale d’une approche thérapeutique totalement révolutionnaire : un seul ciseau (un enzyme) permet de découper un millier d’hormones, il existerait donc mille fois moins d’enzymes ciseaux que d’hormones.

Durant quatre ans, de manière concrète, le professeur Seidah se rend à l’abattoir de Sainte-Hyacinthe. Au bout de 20 000 têtes de porcs dont l’hypophyse est extraite, gelée afin d’en isoler l’enzyme, il réalise que cette quantité est trop faible pour être purifiée, un exemple vécu qui montre où l’engagement constant et l’éthique de la profession peuvent conduire.

Parlant de sa motivation, Nabil Seidah précise : Je suis d’abord un scientifique intéressé au mécanisme de la vie. Ma motivation est de comprendre comment une cellule fonctionne et communique avec ses voisins. Mon engagement scientifique est principalement dirigé vers des objectifs scientifiques. J’espère que cela aboutira au développement de nouvelles thérapies qui permettront de contrôler et de combattre certaines pathologies qui affligent notre société et l’humanité en général.

C’est alors que le Dr. Seidah a décidé de prendre une année sabbatique (1987-1988) à l’Institut Pasteur de Paris, où il a appris toutes les plus nouvelles techniques de biologie moléculaire, notamment la technique du clonage des enzymes. À peine 12 mois après son retour, le Dr. Seidah a réussi à percer l’énigme des convertases qui durait depuis plus de 20 ans. Cette découverte a été reçue avec beaucoup d’enthousiasme par les milieux scientifiques et la revue américaine Science en a discuté dans ses pages éditoriales du 10 mai 1991. Une des phrases importantes de cet article était: Biologists will be greatly aided in their quest to understand brain function and the developmental pathways that the embryo follows — two of life’s most fundamental mysteries… One of them might play a role in the maturation of viruses, including those that cause AIDS and influenza, and might therefore be a target for antiviral drugs.

Les convertases constituent une nouvelle famille d’enzymes endoprotéolytiques qui clivent de grosses protéines inertes en substances biologiquement actives. Des six convertases identifiées depuis 1989, quatre ont été découvertes par Nabil Seidah. Or, elles sont non seulement actives dans le clivage des prohormones et des proneuropeptides, mais aussi dans l’activation de toutes les neurotropines connues (NGF, BDNF, NT3, NT4), de plusieurs facteurs de croissance comme les PDGFs, l’EGF etc., et enfin du Gp160, la protéine d’enveloppe du VIH dont le clivage est essentiel pour rendre le virus infectieux. Sa plus récente prouesse scientifique est la preuve définitive que les convertases de Nabil Seidah sont impliquées dans la maladie d’Alzheimer. Les convertases sont devenues l’un des grands sujets d’actualité de la recherche, Nabil G. Seidah a été président du comité organisateur du 1st International Symposium on Proteases, qui a eu lieu en juin 2000 au Château Montebello, au Québec. Les convertases attirent l’attention en raison de leur importance en biologie du développement, en neurosciences et fort probablement en cancer, en athérosclérose, dans le SIDA et la maladie dégénérative du cerveau. Leur découverte permet la mise au point de nouveaux protocoles thérapeutiques pour combattre ces maladies terribles.

À propos de l’avenir, le scientifique déclare : L’échange d’information et sa vulgarisation permettrait au grand public de mieux comprendre et d’apprécier l’impact de la science sur sa vie et sur son bien-être. Les progrès scientifiques sont un long processus qui, après plusieurs années d’efforts et de déception, mènent au but principal qui est d’améliorer
notre qualité de vie et celle des espèces qui nous entourent.