Élue deux fois députée de la circonscription provinciale de La Pinière, lors des élections générales de 1994 et de 1998, Fatima Houda-Pepin a un parcours remarquable. En plus d’un quart de siècle de vie au Québec, la brillante étudiante de l’Université Laval (Québec) qui décrochait en 1976 un baccalauréat en sciences politiques, a par la suite élargi son champ de compétence : maîtrise en relations internationales de l’Université d’Ottawa (1977), scolarité en politique internationale à l’Université de Montréal (1982), maîtrise en bibliothéconomie, sciences de l’information, à l’Université McGill en 1991.

Mais avant, au cours des années 70 et 80, Fatima Houda-Pepin a contribué à l’ouverture des mentalités en général. Via son engagement et ses actions comme responsable d’un organisme communautaire de promotion et d’éducation, elle a projeté un nouvel éclairage sur la civilisation arabe et sur les réalités sociales, économiques, culturelles et politiques du Maghreb. Elle a permis de nombreux gestes de rapprochement entre les communautés originaires d’Afrique du Nord et les principales composantes de la société québécoise. Porte-parole d’organismes socio-communautaires, Fatima Houda-Pepin, grâce à sa personnalité, a suscité des débats et des intérêts autour des relations interculturelles.

Comme militante des droits des femmes de religion musulmane et des droits des femmes, plus universellement, Fatima Houda-Pepin a marqué ce secteur des droits de la personne, par ses prises de position bâties sur des arguments structurés, des démarches documentées et une présentation dynamique et passionnée. Elle a travaillé dans le secteur privé, pour les gouvernements fédéral et provincial comme consultante en éducation interculturelle et, au début des années 90, à titre de chargée de cours pour les universités de Montréal et du Québec à Montréal.

Le 12 septembre 1994, Fatima Houda-Pepin est élue députée de La Pinière, elle réalisait ainsi une première. Pionnière de fait elle ne cesse de consacrer toutes ses énergies à ses fonctions d’élue : Ma principale motivation dans mon engagement politique est de servir les citoyennes et citoyens de mon comté de La Pinière et de défendre les intérêts supérieurs du Québec au sein du Canada. Réponse très officielle. Désormais, celle qui est la présidente du caucus libéral de la Montérégie, est rompue à la vie parlementaire. Elle a occupé de nombreuses fonctions politiques : porte-parole de l’opposition officielle en matière de relations internationales et de francophonie; porte-parole en matière d’immigration; membre de la Commission de la culture, porte-parole de l’opposition en matière d’autoroute de l’information et de services gouvernementaux; membre de la Commission des finances publiques; membre de la Conférence parlementaire des Amériques, Réseau des femmes parlementaires et, depuis le 19 octobre 2000, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’habitation.

Lors de la séance spéciale de l’Assemblée nationale du Québec consacrée à l’hommage aux victimes américaines et des 79 autres pays qui ont trouvé la mort suite aux attentats-suicides de New York et de Washington le 11 septembre 2001, Fatima Houda-Pepin a ému tout le Québec.

Dans son intervention, elle disait en substance : Le 11 septembre 2001 fut une journée sombre en ce début du 21e siècle. Par son ampleur et sa symbolique, cet événement dramatique nous a affecté à bien des égards, tant sur les plans émotif, économique que social. J’ai eu l’occasion de participer, avec un certain nombre de mes collègues, au lendemain du 11 septembre, à une cérémonie œcuménique. J’ ai présenté, à cette occasion, mes sincères condoléances à Madame la Consule générale des États-Unis. Mes premières pensées sont pour les victimes innocentes de cet attentat commis selon une certaine idée de l’Islam, mais combien loin de cette religion qui prône la paix et la coexistence pacifique entre les peuples. Elle a lu la Sourate du Chapitre 25, verset 13 du saint Coran. Ce que cette Sourate dit, nous avons fait de vous, des peuples et des tribus pour que vous vous connaissiez. Le Dieu de l’Islam évoqué par les terroristes n’a pas dit que nous avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous vous tuez. Il va sans dire, qu’aucune religion n’est, à un moment donné de son histoire, exempte de fanatisme. Mais aucune religion ne peut justifier le terrorisme. Les attentats du 11 septembre ont fait plus de 6000 victimes originaires de quatre-vingt pays et de religions différentes, incluant des musulmans. Je suis également touchée par le drame que vit la population civile afghane, coïncée entre la terreur des Talibans et les feux roulants des bombardements américains.

Fatima Houda-Pepin a été, entre 1990 et 1994, vice-présidente puis présidente du Comité aviseur des relations interculturelles de la Ville de Montréal (CARIM). Elle est aussi lauréate du mérite français de l’Office de la langue française, récipiendaire de la médaille commémorative du 125e anniversaire de la Confédération, décernée par le Gouverneur général du Canada, personnalité de la semaine de La Presse la même année (1992), Chevalier de l’Ordre de la francophonie et du dialogue des cultures, décerné par l’Assemblée internationale des parlementaires de langue française (AIPLF) en 1994. Elle se prononce sur l’évaluation de ses actions et déclare : Ma principale réalisation est d’être une femme de rapprochement capable de rallier les Québécoises et les Québécois de différentes origines. Elle est sans équivoque : Le Québec est une société ouverte et tolérante, mais elle n’est pas exempte de racisme et de discrimination. Aussi, est-il nécessaire d’investir dans le rapprochement interculturel et le dialogue des cultures.