OTHELLO, MORT DE JALOUSIE

J’ai vu la pièce à l’Usine C, vendredi 2 novembre 2007. Iago (Pierre Lebeau), le protagoniste est le manipulateur. Le maître de l’équivoque qui, avec le mensonge, le faux, comme un « botox » de l’esprit, maquille et teint, comme l’image de la teinture qui pénètre la chevelure du verbe, présente une réalité fausse des rapports entre les humains. Othello (Ruddy Sylaire), ce maure, nègre et pur chef de guerre, intègre, pour qui le mot, le verbe est un passeport. La transparence du langage de la vérité, épuré du réel, est l’unique représentation de la vie, de ce qui se passe autour de lui. L’amour de Othello (Pierre Lebeau) pour Desdémone (Éliane Préfontaine) est si entier qu’il est imperméable aux manœuvres du fourbe Iago, parasite perpétuel, jaloux pervers qui sème le venin. Prouesse mesquine qui n’a d’équivalent que la virulence de H5N1, le virus de la grippe aviaire.

La pièce en 5 actes, mis en scène par Denis Marleau, coule dans un décor minimaliste, maîtrise d’envergure du travail par UBU, compagnie de création, dont l’amie Suzanne St-Denis est un pilier, Stéphanie Jasmin, co-directrice artistique, tandis que Annick Huard assume la direction de la diffusion et du développement. Deux bonnes heures et plus entrecoupées d’une pause maintiennent la tension dramatique vivante et torturée. À l’acte IV Othello est en proie au fantasme, il est déjà malade des insinuations de Iago. La pièce voit la paranoïa atteindre son paroxysme et Othello commettre le meurtre de Desdémone, revenir au monde et mourir. Ce sont les mots qui sont auteurs de crime, les mots du chaos. Un succès qui a permis le rendez-vous de nombreux créateurs : Denis Gougeon et Marie-Daniel Parent, mais aussi la plupart des figures de notre théâtre et des arts en général.