1948 – 1998

CÉLÉBRATION AU CÉGEP AHUNTSIC

La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, comme on la nomme, repose sur un postulat de base, celui de l’interdépendance étroite entre la paix, le respect des droits et des libertés fondamentales ainsi que du développement économique, social et culturel. Ce postulat confère une logique particulière aux conventions internationales adoptées subséquemment afin de permettre la concrétisation des valeurs énoncées dans la Déclaration.

Les violations des droits et libertés sont les principales causes des guerres et de l’instabilité des rapports sociaux. Par ailleurs, l’harmonie ou la paix internationale supposent l’instauration de dialogues entre partenaires, états égaux sur le plan juridique.

Le Comité de célébration du 50e anniversaire de la Déclaration des droits du Collège Ahuntsic a choisi cinq personnalités d’envergure internationale pour incarner de manière plus éloquente le préambule du document et les 30 articles qui en font le levier d’action le plus puissant pour un monde plus humain depuis un demi siècle. La reconnaissance de la dignité humaine ainsi que l’affirmation et le respect effectif des droits inaliénables sont le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.

Les cinq personnalités choisies sont :

1. GANDHI, Mohandas Karamchand, surnommé le Mahatma (la Grande âme). Né le 2 octobre 1869 à Porbandar, état du Kathiavar en Inde et assassiné le 30 janvier 1948 à Delhi.

2. KING, Martin Luther Junior. Né le 15 janvier 1929 à Atlanta, Géorgie, aux États-Unis et assassiné le 4 avril 1968 à Memphis, Tennessee. Prix Nobel de la paix en 1964.

3. MENCHU, Rigoberta. Née en 1959 au Guatemala. Prix Nobel de la paix en 1992.

4. WALESA, Lech. Né en 1943 à Popowo aux environs de Wlocklawek en Pologne. Prix Nobel de la paix en 1983.

5. MANDELA, Nelson Rolihlahla. Né en 1918 à Mvezo, district d’Umtata en Afrique du Sud. Prix Nobel de la paix en 1993.

De manière assez remarquable, nous constatons que plusieurs caractéristiques unissent ces apôtres des droits : hormis leur personnalité et leur rayonnement exceptionnels, ils ont tous, sauf Gandhi, été désignés comme candidats favoris et ont remportés le Prix Nobel de la Paix. Tous ont connu dans leur vie et au nom des leurs, des menaces, des attentats, des affres de la prison et des humiliations à cause de leur foi en la justice et de la conviction qu’ils n’ont cessé de proclamer en ce que la Déclaration universelle des droits de l’homme nous présente comme un idéal à atteindre par tous les peuples et toutes les nations.

La reconnaissance des droits et libertés

Mais cette Déclaration dont nous célébrons le cinquantième anniversaire mérite à l’occasion que nous la relisions afin d’en comprendre l’esprit et la portée. M. René Cassin, l’un de ses rédacteurs, compare l’architecture de la Déclaration universelle à celle d’un édifice. Nous lui empruntons les vertus analogiques pour vous la présenter. Les sept considérants qui constituent le préambule affirment la dignité humaine et la paix dans le monde, c’est le parvis de l’édifice. Cette présentation est close par un texte qui sert de jonction avec les articles que nous regroupons en six blocs. Ce texte est le suivant :

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE PROCLAME

la présente déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des États membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.

Revenons à notre analogie entre un édifice et l’organisation du contenu de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le soubassement, les fondations ou le sous-sol sont composés des articles 1 et 2. Ils expriment les grands principes de liberté, d’égalité, de fraternité et la prescription générale des discriminations.

Le premier étage est constitué par le bloc comprenant les articles 3 à 11. Il s’agit des droits et libertés d’ordre personnel : droit à la vie, droit à la liberté, droit à la sûreté de sa personne et les interdictions conséquentes, la condamnation de l’esclavage et de la torture, ainsi que les droits judiciaires qui permettent de garantir ces droits personnels.

Le second étage comprend les articles 12 à 17. Il énonce les droits des individus dans ses rapports d’altérité et, plus particulièrement, avec les groupes sociaux. Il s’agit du droit d’avoir une résidence, de pouvoir circuler librement, de quitter son pays ou d’y revenir, le droit d’asile, le droit à l’honneur et à la réputation, le droit à la nationalité, le droit de se marier et de fonder un foyer, le droit de propriété.

Le troisième étage est constitué par les articles 18 à 21. Il présente les libertés publiques et les droits politiques fondamentaux : liberté de la presse et de croyance, liberté de parole et d’expression, liberté de réunion et d’association, droit de prendre part à la vie publique et d’y exercer des responsabilités.

Le quatrième étage qui réunit les articles 22 à 27, énumère, pour la première fois dans une déclaration des droits, les droits économiques, sociaux et culturels : droit au travail, à la sécurité sociale, au repos et aux loisirs, droit à la santé, droit à l’alimentation, droit au logement, droit à la protection sociale en cas de maladie, de handicap, de chômage ou de vieillesse, droit à l’éducation et à la vie culturelle.

Le cinquième étage, les articles 28 à 30, reconnaissent à toute personne le droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la Déclaration puissent y trouver plein effet. On y précise que ces droits ne peuvent être limités qu’à la seule fin d’assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d’autrui et que chacun a des devoirs envers la communauté dans laquelle il vit.

Premier instrument juridique de cette envergure qui ait été adopté par une organisation internationale, la Déclaration concentre en son contenu les droits reconnus à toute personne, elle a ainsi acquis un pouvoir moral et politique exceptionnel. Elle est au premier rang des grands textes historiques, tels la Magna Carta, la Déclaration américaine d’indépendance et la Déclaration française des droits. Son entrée en vigueur le 10 décembre 1948 a marqué une étape décisive dans l’affirmation de la lutte, toujours à mener, pour la liberté et la reconnaissance de la dignité humaine. Désormais la Déclaration universelle fait partie du patrimoine international.

Bibliographie sommaire

Historic world leaders, Anne Commire Editor. Gale research Inc, 1994.

Dictionnaire des biographies, sous la direction de Jean-Maurice Bizière, Armand Colin, 1992.

Dictionnaire encyclopédique d’histoire, Michel Mourre, Bordas, 1978.

The reader’s companion to American history, Eric Fover, Boston, 1991.

Ouvrages traduits de Mohandas Karamchand Gandhi : La jeune Inde (1921); La vie de Gandhi (1931); Le guide de la santé (1932); Lettres à l’ashram (1937).

Bacharan, Nicole, Histoire des Noirs américains au XXe siècle, Bruxelles, Éditions Complexe, 1994, 335 pages.

Bennett, Lerone jr, What manner of man : a biography of Martin Luther King jr. Johnson Publishing Company, 1976.

Oates, Stephen. B. Let the trumpet sonned : the life of Martin Luther King jr., New American Library, 1982.

Burgos, Elizabeth. Moi, Rigoberta Menchù Tum, une vie et une voix, la révolution au Guatemala. Paris, Collection Témoins, Gallimard, 1992, 320 pages.

Walesa, Lech. Chemin d’espoir. Paris, Éditions Fayard, 1987.

Mandela, Nelson. Un long chemin vers la liberté. Paris, Éditions Fayard, 1995, 659 pages.

Johns, Sheridan and R. Hunt Davis, Jr. Mandela, Tambo and the African National Congress : forty-one years of struggle against apartheid. 1948-1989. New-York, Oxford University Press, 1991.

Conception graphique : Patrick Charpentier.