Rivka, comme la plupart des intervenants du monde de l’immigration et des droits des réfugiés au Canada et ailleurs, la connaissent, sous ce prénom, accessible, disponible, généreuse, militante par nature, est une personnalité riche. Une personne qui a de la vision, une vision ample, comme disait le poète espagnol Antonio Machado (1875-1939), dont la vie est de laisser des traces : « Tout passe et tout demeure. Mais notre affaire est de passer. De passer en traçant des chemins. Des chemins sur la mer. Voyageur, le chemin c’est les traces de tes pas. C’est tout ».

Nous n’allons pas suivre ses traces depuis un demi-siècle, celles de l’enfant arrivant sur le continent canadien avec une famille survivante des Camps de la mort qui a tout de suite bénéficié des services à la famille juive, l’embryon des Services sociaux de la communauté juive lancé par le Dr. Kage, professeur à McGill de 1947 à 1981. Marquée par l’engagement de sa mère, surtout au sein d’organismes culturels comme la bibliothèque Yiddish dont son père a été membre du CA, Rivka fait le pont entre les générations, elle est aujourd’hui membre de nombreux comités culturels et patrimoniaux. Elle est vraiment une médiatrice. Elle le fut auprès de l’administration municipale en lien avec les citoyens pour tout ce qui touche à la diversité, aux relations interculturelles, tant comme responsable de comités spécialisés (dès les années 80), que comme chef de délégation du Chantier Équité, accessibilité et diversité, pour le Sommet de Montréal (2002-2006).

Militante et citoyenne, active à la base, Rivka Augenfeld est aussi membre du Comité d’orientation du Sommet citoyen de Montréal qui a choisi en 2007, pour thème principal du quatrième Sommet, Le « Droit à la ville ». Ce thème « soulève la question de l’appropriation de la ville par les citoyens et les citoyennes, et celles de justice sociale, d’inclusion et de diversité dans la ville. Cet événement a permis d’explorer et de faire connaître des pratiques innovatrices en matière d’aménagement et de développement, initiées et portées par le mouvement communautaire et syndical montréalais».

Pendant un quart de siècle, de manière quotidienne et totale, Rivka a mené le combat de l’éducation et de l’information au profit des plus démunis de notre société. Pour cette raison, ce fut une nouvelle étape importante pour la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) lors de l’assemblée générale annuelle du 9 juin 2006 quand fut élu un nouveau conseil d’administration. Longtemps présidente Rivka a déclaré : « Je me réjouis de pouvoir passer le flambeau après 21 ans à la présidence de la TCRI à des collègues pour qui j’ai énormément d’estime et qui assureront avec autant de passion que moi la continuité de l’action et du travail de la TCRI ».

À un niveau national, Rivka Augenfeld avait, en mai 2003, à titre de co-présidente (avec Benjamin J. Trister) du Comité consultatif sur la réglementation des activités des consultants en immigration, déposé au ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration du Canada, le rapport qui a servi à établir une réglementation plus adaptée de toutes les activités dans le domaine. Membre fondatrice de la Société canadiennes des consultants en immigration (SCCI), Rivka en est l’actuelle secrétaire exécutive. L’organisme, basé à Toronto, a pour mandat d’assurer la responsabilité de réglementer les activités des consultants en immigration qui offrent des services-conseils rémunérés. La SCCI a aussi le mandat de protéger le consommateur de services-conseils en matière d’immigration et d’assurer la compétence et la bonne conduite professionnelle de ses membres.

«Les réfugiés ne sont pas des chiffres mais des êtres humains », a plaidé Rivka Augenfeld, porte-parole de la Journée mondiale du réfugié à Montréal, dans une entrevue au quotidien Le Devoir. «Ils ne sont pas non plus des anges, mais des personnes qui ont une force incroyable, qui leur permet de survivre et de garder des valeurs humaines dans des situations anormales », a-t-elle ajouté. La «force» est d’ailleurs le thème qu’a choisi cette année le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés pour cette journée mondiale, qui est célébrée depuis 2001.

Ces personnes réfugiées sont : « Victimes d’injustices dans leurs pays, souvent séparées de leurs familles pendant de longues périodes, obligées d’affronter les bureaucraties. Les réfugiés ont besoin de beaucoup de force simplement pour survivre. C’est cette qualité qu’ont voulu souligner les nombreux organismes œuvrant auprès de ces personnes en quête de protection internationale ». Rivka explique : « Au Canada, les réfugiés parrainés le sont soit par le gouvernement, soit de façon privée par des groupes communautaires ou religieux. Tout en reconnaissant le rôle positif joué par le Canada dans l’accueil des réfugiés, la Table de concertation s’est associée au gouvernement du Québec pour lancer une campagne en faveur du parrainage privé ». Elle aime ce rôle de médiatrice universelle.

Rivka Augenfeld est une collaboratrice auprès du Conseil canadien des réfugiés (CCR) qui a profité de la Journée mondiale pour demander au gouvernement fédéral de changer certaines politiques ou pratiques qui retardent, voire rendent impossible, la réunification des réfugiés avec leurs proches. Parmi ces obstacles à la réunification familiale, l’organisme mentionne: «une définition étroite de la famille, qui exclut par exemple les enfants biologiques»; l’imposition de tests d’ADN; le fait qu’on ne peut parrainer un membre de sa famille si on est bénéficiaire de l’aide sociale; l’exclusion définitive d’enfants qu’on aurait omis de déclarer lors de sa demande d’asile initiale. Le CCR demande à Ottawa de faire une plus grande place aux familles des réfugiés dans ses quotas annuels d’immigration.

Rivka insiste pour dire qu’elle est simplement une femme qui travaille avec les réseaux, qu’elle est au service des autres. Pourtant, elle a sans cesse inventé et innové, c’est une militante authentique qui a approfondie son action, développé sa réflexion et son expérience, comme elle le dit : « En travaillant avec les autres, selon des valeurs, avec un idéal de vie collective ».