Maurice Chalom dérange par sa franchise et son aisance dans l’univers complexe des interactions entre la réalité, l’imaginaire et les théories. Sa force il l’a toujours puisé sur le terrain, le contact direct, l’écoute des jeunes et les échanges avec eux sans artifice. Il se définit comme un artisan qui creuse le même sillon des rapports entre la société d’accueil et les migrants, sous l’angle de la recherche universitaire, de l’enseignement et des publications. Au coude à coude avec la dynamique sociale, culturelle et politique, il reste engagé via sa participation au développement du milieu associatif grâce au bénévolat et aussi par l’action quotidienne de formation et d’éducation de nombreux publics et auprès des administrations, dans la vie professionnelle et par la volonté de rendre, de redonner, à sa manière, ce qu’il estime avoir reçu de la société.

Sans illusion, mais avec l’énergie et la conviction que seulement le travail à long terme est rentable, Maurice Chalom vit avec la saisie courageuse d’un monde où les avancées démocratiques se font lentement, où l’expression des discriminations est subtile, parfois perfide, quand elle est l’œuvre des prétendus défenseurs du « temple ».

Trente années de vie à Montréal, bientôt, la famille, paternité assumée et joie d’être significatif pour sa conjointe et ses deux enfants, il est fidèle à cette période des débuts dont il parle avec enthousiasme : « la phase d’intégration où je travaillais avec le Centre Montchanin devenu l’Institut interculturel de Montréal, j’étais engagé dans le milieu communautaire et associatif afin d’aider à l’insertion des jeunes, de soutenir les communautés les plus démunies et plus récemment arrivées. J’ai fait du bénévolat et participé au réseau d’action et d’aide sociale de la communauté juive, la Caravane de la tolérance avec quelqu’un que j’estime comme Pierre Anctil et le collectif remarquable avec Images interculturelles et la Semaine d’action contre le racisme depuis près d’une décennie ».

Il n’est pas ici question de déployer son curriculum-vitae, d’étaler la liste de ses publications spécialisées. Maurice Chalom titulaire d’un doctorat en andragogie de l’Université de Montréal et d’une bourse postdoctorale qui lui a permis d’apporter une contribution scientifique au champ de recherche sur les stratégies de changement et d’adaptation des institutions et des organisations publiques, ne joue pas au « cadre savant » : « Je n’ai pas le temps de me prendre au sérieux, je creuse le même sillon avec cette attitude d’humilité que m’a transmise Émile Ollivier mon maître qui a vécu dans la modestie. Je reste disponible pour le milieu communautaire. La vie est comme une spirale tout est lié, l’action terrain, la réflexion critique et les publications selon une praxis comme le disais Paolo Freire, une vie alimentée en continu par l’action ».

Auteur de plusieurs livres, Le Migrant démuni : alphabétisation et intégration des immigrants (Montréal, Éditions Liber, 1991), Violence et déviance à Montréal (Montréal, Éditions Liber, 1993), Le policier et le citoyen Pour une police de proximité (Montréal, Éditions Liber, 1998) et, en collaboration avec Lucie Léonard, Insécurité, police de proximité et gouvernance locale (Paris, L’Harmattan, 2001). Maurice Chalom est également auteur de plusieurs articles scientifiques ayant trait aux stratégies d’intégration des immigrants, à la prévention de la criminalité et aux réformes des polices.

En son âme et conscience, Maurice Chalom souhaite, quand on lui pose la question à savoir ce qu’il aimerait que l’on retienne de lui : « Que l’on se souvienne d’un prime-migrant, coureur de longue durée qui a contribué à moderniser la société, agit pour une société plus juste, plus généreuse dans son domaine. A 53 ans, j’estime avoir rendu ce que la société m’a donné, j’ai payé ma dette. Je milite pour que l’on reconnaisse davantage la contribution des migrants aux avancées quotidiennes d’une identité plurielle, d’un métissage entre les êtres ayant de multiples allégeances, de nombreuses appartenances. Si j’ai contribué à poser la question de l’identité plurielle de façon autre, je serai content ».