« La promotion des études et la connaissance des langues sont très importantes pour moi. »

C’est l’année de ses quatre-vingt ans, Eva de Gosztonyi a commencé à être fêté, sa famille vient de la célébrer. Ses trois enfants, ses cinq petits enfants et tout le clan viennent de célébrer le succès éclatant d’une vie qui a débuté en Hongrie et qui se développe depuis plus de cinquante ans à Montréal. Trois enfants qui sont au centre de son existence. Tous ont réussi de brillantes études universitaires : un professeur d’histoire de l’art qui vit à Montréal, un psychologue qui vit au Yukon et un ingénieur qui vit à Ottawa. Dotée d’une énergie exceptionnelle, fière de parler de nombreuses langues, hongrois, allemand, français, Eva de Gosztonyi est issue d’une grande famille bourgeoise, les Pinter, du centre de l’Europe qu’elle a fui à vingt-six ans en 1949 avec un diplôme universitaire en économie et commerce.

Le récit de la vie de madame de Gosztonyi est un vrai roman, une aventure vers la liberté, loin des massacres du régime stalinien et des affres de la deuxième Guerre mondiale. Elle a des convictions : « Le but de mes actions est en effet de faciliter l’intégration des immigrants en les encourageant a conserver les caractéristiques de leur culture nationale, de leur langue et de leurs traditions. Ainsi, ils enrichissent leur pays adoptif. En plus, la promotion des études et le perfectionnement des deux langues officielles du pays sont pour moi très importants ».

Spécialiste des littératures française, anglaise, allemande et italienne, madame Eva de Gosztonyi a consacré sa vie professionnelle de bibliothécaire en milieu scolaire aux jeunes. Plus tard, elle a poursuivi son œuvre d’éducatrice. Ses réalisations sont pleines de cette générosité. Elles donnent un sens à son engagement : « Mes expériences personnelles avec les enfants, comme bibliothécaire, et comme guide, au musée du Château Ramezay, étaient très satisfaisantes. La possibilité d’ouvrir les horizons, de donner une vue sur le monde par la lecture est un moyen intéressant de faire connaître l’histoire du Canada et de celle de l’Europe. C’est ce que j’ai fait pendant trente ans de travail au Château Ramzay. Pour moi, c’est une victoire. Notre clientèle était toujours très variée, elle provenait de tous les coins du monde entier. Ces activités donnent l’espérance qu’un grand nombre de jeunes ont su profiter de mes efforts ».

Elle est profondément unie à la communauté, engagée, et vit sa foi dans le concret des apostolats du diocèse. Elle est membre de La Vie montante et de nombreux mouvements religieux. Sa participation comme Chevalier de l’Ordre de Malte est inscrite dans la cohérence de ses choix. Pour elle, les relations entre ses communautés d’appartenance et la société d’ici, qu’elle baptise d’adoptive, se tissent autour des valeurs de base. Les meilleurs investissements pour les membres de la communauté d’origine hongroise, ceux des générations qui se succèdent au fil des vagues d’immigration, sont pour Eva de Gosztonyi, les investissements consacrés à l’éducation, aux études : « Si on prend la communauté hongroise, la plupart de ses membres s’adaptent très bien. Ceux qui sont capables d’apprendre les langues facilement se place mieux. Nous, les parents qui sommes arrivés avec une bonne éducation, mais sans un sous, nous avons réussi dans un pays nouveau, sur un continent inconnu et étranger. Nous avons souligné, pour la prochaine génération, que l’éducation est de première importance. On peut tout perdre, mais ce qu’on sait reste toujours avec nous. Cette théorie s’applique aussi bien à l’artisanat qu’à l’éducation en général. Pour l‘avenir, les possibilités existent. La jeunesse hongroise semble être bien disposée à prendre sa place dans la société d’accueil. Naturellement, il y a toujours des succès et des faillites, mais c’est inévitable ».