Violoniste, consultant en musique, conseiller musical et artistique, concepteur d’événements, producteur de projets artistiques et administrateur Hûn Bang est le fondateur de l’Orchestre Métropolitain de Montréal. Virtuose du violon, Hûn Bang est le génie inventif des liens globaux qui se développent, depuis cinq ans surtout, entre la Corée et le Québec. Il est arrivé il y a trente ans, à l’âge de vingt-trois ans, au Québec. Son parcours est fait de réalisations impressionnantes, celles d’un homme d’action qui veut désormais: «créer des liens plus étroits entre les jeunes Coréens et les jeunes Québécois afin de consolider les amitiés par la musique et la culture et de faciliter leur intégration harmonieuse dans la vie québécoise. L’avenir de notre communauté est dans les mains de notre deuxième génération. Il est extrêmement important de les aider et de les guider afin qu’ils puissent exprimer pleinement leurs idées dans la société québécoise».

Voici campé le portrait, fait de touches multiples et sans cesse nouvelles, de Hûn Bang. A 17 ans, il est déjà primé comme jeune artiste de l’année de l’Ecole Supérieure des arts de Séoul en Corée. Cinq ans de vie à Paris en font un diplômé du Conservatoire de Versailles, de l’Ecole normale de musique de Paris et du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, des cours de violon, spécialisation en musique de chambre, avec de célèbres professeurs (Marcel Reynal, Pierre Nérini, Victor Gentil, Tony Aubin). Il passe ensuite un an comme boursier de l’Université de Hartford aux Etats-Unis (Hartt College of Music) et trois ans (1971-1974) dans la ville de Québec et à Montréal au Conservatoire de musique du Québec, il est violon-solo de l’orchestre du Conservatoire. Au cours de la même période, il poursuit son perfectionnement aux États-Unis (Aspen School of Music, Meadowmount School of Music) en France, comme boursier du Gouvernement français (Académie Internationale de Nice) et en Autriche (Académie de musique de Vienne).

Le violoniste a un palmarès immense, des créations, des interprétations qui lui ont permis de toucher les publics les plus variés sur tous les continents et surtout de mettre en valeur tant en musique classique qu’en musique contemporaine, les compositeurs et les musiciens québécois. Il a travaillé à l’Orchestre symphonique de Montréal, à l’Orchestre symphonique de Québec, à l’Ensemble de la Société de musique contemporaine du Québec, à l’Orchestre de Radio-Canada et aux Grands ballets canadiens. Il a aussi été le violoniste de Gilles Vigneault de 1973 à 1996. Il en parle, comme d’un ami, d’un frère «Nous avons fait ensemble des tournées, il m’a beaucoup appris, c’est mon grand frère. Cela m’est arrivé d’aller chez lui à St-Placide pour lui demander des conseils. C’est moi qui ai choisi de vivre au Québec. A New-York quand j’ai été au Consulat canadien, venant de Paris où j’avais connu mai 68, j’ai rencontré un Québécois qui n’en revenait pas de voir un « Chinois » qui parle français, ne sachant pas ce qu’est un Coréen. Jai donc connu après, octobre 70 à Québec».

La vision de son cheminement est claire «De 1979 à 1987 j’ai fondé l’Orchestre métropolitain où j’ai occupé le poste de directeur général, je l’ai mis sur la carte. Le jour de mes quarante ans je suis parti pour devenir adjoint au directeur artistique du Festival international de Lanaudière au cours des saisons 1988 et 1989. En 1987, j’ai participé au Asian Philharmonic Orchestra, au Japon à Tokyo; ce sont les premières chaises des meilleurs orchestres du monde qui jouent. J’ai pris conscience qu’après plus de vingt ans (23 ans exactement) je n’avais rien fait en Asie, je revenais à la source après avoir surtout fait beaucoup pour donner du travail aux jeunes Québécois et m’être consacré à la promotion des talents d’ici. Pendant 24 heures je suis donc retourné, à partir de Tokyo, en Corée découvrir un pays changé. J’ai repris contact avec des amis et je suis allé souvent en Corée au cours des années 1991 et 1992. Je me suis ainsi rendu compte que je pouvais faire quelque chose pour les jeunes Coréens qui vivent au Québec».

Depuis cette période, il a fondé et il est le directeur artistique de l’Orchestre des Coréens de Montréal (un orchestre à vocation éducative surtout), du Cercle des musiciens coréens de Montréal et de la Société culturelle Québec-Corée qui présente depuis l’automne 1997 la Fête de Tchou’Sok-Jé (Semaine culturelle coréenne à Montréal). La journée Tchou’Sok célèbre la moisson abondante et honore les ancêtres, c’est traditionnellement une période de réjouissance. C’est la plus grande fête coréenne qui date de plus de 2000 ans. Il explique le début et le sens de son engagement communautaire: «A cette époque j’ai pris conscience que je pouvais aider les jeunes Coréens et je me suis rendu compte qu’il y a plusieurs centaines d’enfants coréens adoptés par des familles québécoises et les jeunes de la deuxième génération de Coréens nés ici. Nous avons fait un rapprochement entre eux avec l’aide d’Enfants d’Orient pour donner aux jeunes l’occasion de mieux comprendre la diversité des communautés culturelles afin de mieux bâtir leur avenir en réalisant leurs rêves et leurs espoirs, avec fierté et en tant que citoyens à part entière de la société québécoise dans la joie et l’enthousiasme». Nous voyons dans cette intuition et à travers le dévouement de Hûn Bang sa volonté profonde de contribuer à l’intégration sociale et civique des jeunes, un levier solide de sa motivation pure.

Ce concepteur de projets a déjà à son actif des réussites superbes comme faire chanter Céline Dion en Corée (1997). Il a ouvert un nouveau marché pour les instruments du luthier Denis Cormier, en 1993 et c’est encore lui qui a lancé Kashtin. Il avance le dossier du Cirque du Soleil depuis quelques temps, il va réussir. Pour juin 2001, il prépare la première Semaine culturelle québécoise en Corée. «Je trouve qu’il y a deux peuples qui se ressemblent, les Coréens et les Québécois. Cette semaine est plus large que les arts, il y aura aussi l’économie, l’industrie etc…Son slogan est explicite sur sa personnalité rayonnante. Un visage lumineux et plein d’un éclat d’intelligence sans cesse en flamme : «Là où je travaille, j’ai besoin de la volonté de créer et de sourire».