C’est son goût de la discrétion, sa dénonciation du libéralisme sauvage d’un monde globalisé, tout comme la proximité avec ses fidèles qui l’ont peu à peu imposé comme une autorité morale. Un prêtre, passé par la sierra avant de rejoindre Buenos Aires, qui se démarque par sa simplicité. Nommé à Buenos Aires, la capitale argentine, il refuse le luxe de la résidence qu’on lui réserve pour prendre un petit appartement, à proximité de son église. Il prend le bus pour aller de paroisse en paroisse. Il va dormir dans un bidonville chez l’un de ses prêtres menacé par les trafiquants de drogue.
En 2009, il déclare que la lutte contre la pauvreté est un combat pour les droits de l’homme. Un combat contre l’extrême pauvreté, qui ronge certaines parties du continent sud-américain, touchant également l’Argentine, plongée dans la crise à la fin des années 1990. Président de la Conférence des évêques d’Argentine de 2005 à 2011, l’homme est également une voix politique, qui a dénoncé à plusieurs reprises l’autoritarisme des époux Kirchner, successivement à la tête de l’Argentine. Accusé par ses détracteurs de n’avoir pas suffisamment agi contre la dictature argentine, l’homme a pourtant sauvé plusieurs personnes des tortures et de la mort.
Un pape ouvert sur les «nouveaux mondes». Non issu de l’Europe, qui a donné tant de papes, ce pape argentin est un symbole d’ouverture de l’Eglise aux «nouveaux continents». Originaire d’Amérique du sud, qui le plus grand foyer de catholiques dans le monde, ce pape devrait être attentif à ce qui se passe au-delà du Vatican. En effet, les Eglises américaines, africaines et asiatiques sont marquées par une grande diversité.
Un pape au train de vie humble, voire austère. L’homme est très apprécié en Argentine, car il a, malgré sa charge, toujours gardé un étroit contact avec les fidèles, et a fait de la lutte contre la pauvreté l’une de ses priorités. Il applique ce qu’il prêche, refusant les résidences luxueuses, prenant le bus et le métro, enfilant des sandwiches et passant du temps dans les paroisses pauvres. Une «normalité» pour certains, un caractère exceptionnel pour d’autres.
Un pape «modéré». Jorge Mario Bergoglio est considéré comme un homme modéré dans l’Eglise. Si, en septembre 2012, il a fustigé les prêtres qui refusaient de baptiser les enfants nés hors mariages, il s’est également montré très sévère contre la légalisation du mariage homosexuel en Argentine.
Un pape à la voix politique. Dans son pays, cet Argentin n’est pas resté pas muet devant le pouvoir politique: Critique de la classe politique touchée par la corruption, il s’est également affiché contre les narcotraficants, soutenant plusieurs prêtres menacés par les réseaux mafieux.
Un pape et les médias. S’il est féru de la presse… Jorge Mario Bergaglio n’accorde jamais d’interview! Devenant pape, l’homme passe dans une autre dimension, et devra forcer son caractère pour forger sa communication. Sa connaissance des langues italienne et allemande, outre l’espagnol, est un plus.
Un pape face à la Curie. Face au «super-gouvernement» de l’Eglise que constitue la Curie, Jorge Mario Bergaglio est resté plutôt silencieux. A voir dans les prochains mois quel rapport de force va s’instaurer entre l’institution et le nouveau souverain pontife.
Un pape âgé, et à la santé fragile. Agé de 76 ans, l’homme vit avec un poumon depuis ses 20 ans. Travailleur acharné, il se lève tous les jours à 4h30, pour finir à 21h. Un emploi du temps chargé, ce qui ne l’empêche pas d’être un fervent supporter du club de foot de Buenos Aires San Lorenzo…fondé par un prêtre.
Le nouveau pape aura notamment pour charge de sortir l’Eglise des scandales à répétition qu’elle a connus ces dernières années…
La tâche du nouveau pape Jorge Mario Bergoglio sera pour le moins ardue. Il devra d’abord s’atteler à remettre de l’ordre dans l’Eglise après les scandales qui ont ébranlé le pontificat de son prédécesseur, Benoît XVI: les abus sexuels sur mineurs étouffés pendant des décennies, les affaires de corruption et de rivalités profondes au sein de la hiérarchie vaticane, révélées par le scandale «Vatileaks», ainsi que les affaires de mœurs, dont l’existence –non avérée– de réseaux homosexuels au sein de l’Eglise.
Selon Frédéric Lenoir, historien des religions, les cardinaux, qui ont élu Jorge Mario Bergoglio, avaient le sentiment d’une urgence. «Face à l’ampleur des défis à relever, la question n’[était] plus de savoir si le prochain pape [serait] sud-américain, moderne ou conservateur, mais s’il [serait] capable de sortir l’Eglise des scandales à répétition. La question de l’adaptation de l’Eglise à la modernité est passée au second plan.». Cette question n’en est pas moins essentielle à l’heure où l’influence de l’Eglise catholique décline à travers le monde, bien qu’elle compte encore un milliard deux cents millions fidèles. Célibat des prêtres, place des femmes dans l’Eglise, mais aussi avortement, euthanasie et préservatif sont autant de questions sur lesquelles de nombreux fidèles attendent un changement de position de l’Eglise pour répondre aux évolutions sociétales. Il est toutefois vraisemblable que le prochain pape aura les mêmes positions de fond que Benoît XVI.